Comme tous les ans, les jeunes feuilles des bouleaux sont prêtes à être récoltées, avec un peu de retard cette année. En 2020, à cause du confinement de 1km, je n’avais pas pu glaner grand chose, d’autant plus que la forêt domaniale était interdite d’accès (quelle bêtise, j’y suis allée tout de même juste au-dessus de chez moi, j’avoue!). Je me rattrape donc cette année!
J’aime récolter les feuilles très jeunes, quand elles sont encore toutes fragiles et douces au toucher. Je les fait ensuite sécher le plus rapidement possible, au premier étage de mon atelier qui chauffe bien au soleil! Ces derniers jours, le beau temps m’a permis de récolter et faire sécher de manière efficace!
Like every year, the birch leaves are ready to be harvested, a bit late this year. In 2020, the lock-down and its 1km movement limit, I didn’t get much. National forests were off-limits too, which was such a dumb thing (I went just outside my home anyway, I admit!). This year, I’m catching up!
I like to harvest the leaves when they are young, fragile and soft to the touch. I then dry them quite quickly upstairs of my workshop, where it becomes quite hot when it’s sunny! In the last days, the good weather allowed me to harvest and to dry in a very efficient way!


J’ai essayé une fois les feuilles du commerce, lorsqu’on m’a demandé du jaune aux feuilles de bouleau alors qu’il ne m’en restait plus, plus jamais! Les feuilles du commerces arrivent jaunâtres et tristes alors qu’avec ma méthode de récolte et séchage, elles restent vertes très longtemps. A priori je conserve toutes les qualités tinctoriales. A mon avis, celles du commerce sont récoltées trop tard, déjà trop dures et on a besoin d’une plus grande concentration de matière pour obtenir un jaune digne de ce nom avec. J’utilise les miennes à 70% seulement pour des jaunes généralement vraiment profonds et lumineux.
I once tried to buy birch leaves, when I was asked a birch leave yellow having used up my stock, never again! The commercially sold leaves arrive with a sad colour whether with my method of harvesting and drying, they stay green quite a long time. I guess I preserve the whole dye quality that way. The sold ones are probably harvested too late, already too hard and you need a large quantity of them to get a really good yellow. I use mine at 70% only for deep and beautiful yellows.

Le séchage! – Drying!



La forêt est magnifique au printemps, j’en profite souvent pour faire quelques photos. Je trouve chaque fois miraculeuse cette explosion de biomasse lorsque les feuilles sortent de leurs bourgeons et éclatent! Chaque feuille est une magnifique petite usine qui produit de l’énergie grâce à la lumière du soleil, captant le carbone de l’atmosphère et produisant de l’oxygène dans ce magique processus de la photosynthèse. J’ai beau en avoir appris les mécanismes pendant mes études de biologie, cela ne cesse de m’émerveiller!
The forest is beautiful in the spring, I often make photos while I am at harvesting. I find that biomass explosion always miraculous when the young leaves are leaving the buds and burst out! Each leaf is a beautiful little factory producing energy thanks to sunlight, capturing the atmospheric carbon and producing oxygen in the incredible process of photosynthesis. even if I learned about these mechanisms during my biology studies, it never ceases to amaze me!

La couleur des jeunes feuilles est toujours extraordinaire, qu’elles soient celles du charme, les premières à émerger, celles du hêtre ou du bouleau. Ce vert presque fluorescent me subjugue chaque année… Il est quasi impossible d’obtenir cette nuance exacte en teintures naturelles, la Nature garde certaines de ses couleurs pour elle-même!
The colour of young leaves is always extraordinary, whether those of the hornbeam, among the first to emerge, those of ash or birch. This fluorescent green amazes me every year… This particular shade of green is almost impossible to get in plant dyes, Nature is keeping some of her colours for herself!


Lors de ce balades de récoltes, je contemple aussi les cicatrices laissées par les lourds engins qui ont exploité les parcelles cet hiver, longues trouées dans le sous-bois… Je n’aime pas ça, mais malheureusement l’exploitation plus douce des forêts n’est pas assez rentable! Par contre, je sais que ces cicatrices seront bientôt recouvertes de mousses et à l’automne, j’y trouverai plus de champignons!
While walking along harvesting my leaves, I watch the scars left by the heavy machines which have been used for the winter forestry operations, long and deep breaches in the undergrowth… I don’t like it but unfortunately, more gentle forestry is not profitable! But I know these scars will soon be covered by moss and in the Fall, I will find more mushrooms there!

Quelques arbres que je connaissais depuis longtemps ont été abattus également, je passe tristement devant leurs dépouilles… je suis un peu comme Idefix, le chien d’Asterix, quand il s’agit d’arbres! Ils ne sont plus des numéros maintenant. Les verts éclatants du printemps et leur énergie incroyable apaise un peu ma peine…
Some trees that I have known for a long time have been felled as well, I go sadly past their remains… I’m a bit like Idefix, the little dog in Asterix, when it comes to trees! They are just numbers now. But the bursting springtime greens and their incredible energy soothes my sorrow a bit…

Le sous-bois reprend vie sous l’épaisse couche de feuilles d’automne et sera bientôt méconnaissable, une petite jungle: les grandes fougères aigle commencent à sortir!
The undergrowth becomes alive again under the thick layer of fall leaves and will soon be changed into a green jungle, the big eagle ferns are starting to grow!


J’ai hâte d’utiliser mes feuilles de bouleau pour voir ce que ça donnera comme couleur cette année! Selon les conditions climatiques et le lieu de récolte, le jaune n’est jamais tout à fait pareil, parfois il est pur et éclatant comme du bouton d’or, parfois un peu plus éteint… J’ai récolté dans deux lieux différents, en haut de chez moi sur des arbres plus à l’ombre qui produisent des feuilles plus grandes et sur une coupe très ensoleillée et très sèche un peu plus loin dans la forêt, je sais déjà que les jaunes de ces deux zones seront légèrement différents! Il y a également deux espèces de bouleau qui poussent ici (Betula pendula et Betula pubescens), mais elles donnent toutes deux du jaune (et de magnifiques kakis avec du fer).
I’m looking forward to use my leaves to see what colour they will give this year! The yellow is never quite the same, it varies according to climatic conditions and place of harvest, sometimes it’s pure and vibrant like buttercup, sometimes it’s a bit dull… I harvested in two different locations, near my place where the trees have more shade and produce bigger leaves and in a place where it’s sunny and dry a bit further in the forest, I already know that the yellows will be different! There are also two species of birch growing here (Betula pubescens and Betula pendula), but they both give yellow (and gorgeous khaki greens with iron).

Je ne peux m’empêcher d’avoir en tête ces vers de Baudelaire quand il écrit:
« La Nature est temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L’Homme y passe à travers une forêt de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers. »
I can’t stop myself hearing this poem by Charles Baudelaire as he writes (translation into English of poetry is not an easy thing, found this on the net…):
« Nature is a temple in which living pillars
Sometimes give voice to confused words;
Man passes there through forests of symbols
Which observe him with understanding eyes.


Votre article donne envie,je n’ai qu’un bouleau dans mon bosquet,l’an dernier,au printemps,je lui ai « volé »un peu de sève ,lui prendrais-je cette année un petit panier de feuilles ?
Combien de temps gardent t’elles leur pouvoir colorant ?
Merci pour les belles photos.
Moi je les utilise sans problème jusqu’à un an après séchage. si celui-ci est bien fait, il n’y a aucun problème! 🙂
I can’t think of birch leaves without thinking of dear Sabine going out into Mayens September birch trees to collect leaves for a Forum experiment. It proved that leaden kettles in Pompeii had their value. A very fond memory!!!
It was before my time at the forum! 😉 I always think of Sabine when I dye with madder!
Merci pour tous ces articles si poétiques que j’ai toujours beaucoup de plaisir à lire; je n’y connais rien en teinture mais je lis avec intérêt toutes vos explications. Je fais un peu de tissage aux cartons, j’aimerais avoir plus de temps à y consacrer!
Bonsoir, j’apprécie beaucoup votre travail, vos réflexions et vos photographies. Je tente moi-même un peu de tissage et de teinture et je pratique la photographie (argentique et digitale). Je vous rejoins tout à fait dans la contemplation de la délicate couleur des feuilles de printemps. L’étirement du temps du fait de la situation présente et l’envie d’autres expériences font que l’observation de la nature devient une occupation de choix. Je vous rejoins également sur la difficulté d’obtenir une teinte pareille à celle des jeunes pousses de bouleau ou de hêtre même en aquarelle où c’est presque plus le jeu des contrastes et de l’eau qui apporte sinon cette couleur au moins cette impression. Il y a cependant un domaine où cette fluorescence de la nature paraît avoir été capturée et même sublimée ; c’est à l’industrie du verre que l’on doit cet exploit : l’ouraline ou l’uran-glass dont la couleur varie du jaune au vert, les plus beaux exemplaires contenant même les deux (ouraline dicroïque). La ressemblance avec les plus délicates feuilles du printemps éclairées par le soleil est stupéfiante, ce sont les uv qui font ainsi réagir l’ouraline (et cette réaction est encore plus impressionnante quand on l’expose à une lumière noire) ; mais cette splendeur est obtenue au prix de l’introduction d’oxyde d’uranium dans le pâte de verre (peu de dangers pour les collectionneurs en revanche ravages chez les artisans-souffleurs). En attendant d’avoir le plaisir de vous lire à encore et de voir vos nouvelles photos, je vous souhaite une très bonne soirée.
Bonjour Maud!
je ne connaissais pas l’ouraline, merci pour cette découverte étonnante!
Amitiés, Micky
Comme tout le monde j’apprécie vos articles, vos photos, votre philosophie et votre art de vivre.
J’ai quelques bouleaux dans mon jardin et je vais leur « demander » de me faire cadeau de quelques feuilles. Ils sont si beaux que cela ne devrait pas leur faire défaut. Cette année le long de routes habituellement vides de fleurs, j’ai eu la bonne surprise de voir revenir tout un tas de fleurs sauvages que nous ne voyions plus, maintenant qu’elles ne subissent plus de produits chimiques. Merci à vous pour tous ces bons moments de lecture.