J’avais déjà participé à la précédente édition en 2017, avec un grand plaisir! Le site est magnifique et le public très intéressé! Pour cette édition, je tenais à avoir enfin un costume du XIIIème siècle qui a été prêt juste à temps. Je voulais me faire prendre en photo avec dimanche, mais malheureusement, la fête a été écourtée par une alerte météo et nous avons été obligés de démonter dimanche matin…
I had already participated in the 2017 event in Senlis, with great pleasure! The location is beautiful and the public really interested. For this edition, I wanted to have a XIIIth century costume, which was finished just in time. I had planned to get someone to take pictures of me in it on sunday, bu the event was cancelled because of a meteorologiacl alert, we had to leave on sunday morning…
Voici des images du samedi. Here are some saturday pictures.
J’essaie toujours d’adapter le mieux possible mes démonstrations à la période de l’événement, j’avais donc décidé de réaliser des cocagnes de Pastel le samedi, ainsi que de la teinture à la cochenille. Pour le dimanche, j’avais prévu une sur-teinture de laine teintée en bleu avec de la racine de garance, pour réaliser une teinture en « noir ».
I always try to adapt my demos to the period the best I can, so I decided to make some woad balls on saturday, as well as a cochineal dye. On sunday, I had planned overdyeing blue skeins with madder for some « black ».
J’entends souvent « la cochenille c’est pas histo pour le Moyen-Age », mais ce n’est qu’à moitié vrai. Il est vrai que la cochenille qu’on utilise de nos jours est la cochenille américaine Dactylopius coccus. Mais teinter à la cochenille est l’occasion de parler des cochenilles qu’on trouvait et utilisait en Europe au Moyen-Age et pendant des siècles avant d’ailleurs: la cochenille d’Arménie (Porphyrophora hamelii) et la cochenille de Pologne (Porphyrophora polonica). Elles contiennent de manière prépondérante la même molécule tinctoriale que la cochenille américaine, l’acide carminique. Il est fort probable que les nuances obtenues étaient sans doute différentes parce que les molécules associées diffèrent d’une espèce à l’autre.
J’ai teinté de la laine fine préalablement mordancée à la crème de tartre et au fer, l’occasion de parler de mordançage influançant la couleur (on obtient un violet très foncé alors que le bain de teinture est d’un rouge clair). Résultat une fois sec ci-dessous
I often hear that cochineal is not historical for the european Middel-Ages, but this is only half-correct. The cochineal used by most dyers today is the south-american one Dactylopius coccus, but dyeing with cochineal is the right occasion to talk about well-known cochineals used for centuries in Europe before the american cochineal was imported, the armenian cochineal (Porphyrophora hamelii) and the polish cochineal (Porphyrophora polonica). They mainly contain the same dyestuff as the american cochineal, carminic acid. It is probable that the colors obtained were probably slightly different, because they always are associated molecules that can differ from one species to another.
I dyed some fine wool pre-mordanted with cream of tartar and iron, the occasion to talk about the influence of mordants on color (you get a dark purple whereas the dyebath is a pale red). Below is the dry result.
Les cocagnes de Pastel (Isatis tinctoria) étaient commercialisées au Moyen-Age dans toute l’Europe; il s’agit de boules fabriquées à partir des feuilles fraîches de Pastel, réduites en une espèce de pâte grossière dans des moulins dédiés. En France, les principales régions de production étaient la Picardie et la région autour de Toulouse et d’Albi. Cela fait 2 ans que je fais des cocagnes, en vue de réaliser une cuve historique de bleu Pastel, qui demande une fermentation. Je dois attendre d’en avoir un certain volume! Pas de moulin pour moi, mais une réalisation à la main que j’ai pu montrer à Senlis. Une fois les feuilles hachées au couteau, j’utilise un gros galet aplati comme meule pour écraser les morceaux. En façonnant les cocagnes, on arrive à sentir si les feuilles sont assez écrasées: il faut que la boule reste bien en forme! On doit éliminer le maximum de liquide des cocagnes, le jus qui en sort est vert vif, principalement de la chlorophylle. Le séchage est long et on doit bien le surveiller pour éviter toute moisissure, en disposant les cocagnes sur une clayette dans un endroit bien ventilé et en les retournant régulièrement.
A chaque fois que je fais des cocagnes, je réalise également une extraction de pigment en parallèle sur un échantillon de 800 ou 1000g, pour avoir une idée du contenu en pigment. Mon pastel a bien profité des épisodes de chaleur et de grand soleil de cet été, je suis passée de 3.5 g/kg de feuilles fraîches en juin à 6.5 g/kg en août! Ca peut paraître très peu, mais pour le pastel, c’est en fait pas mal du tout!
Woad balls were sold all around Europe in the Middle-Ages: they are balls made of ground-up fresh woad leaves (Isatis tinctoria). The grinding process took place in dedicated woad mills, I do mine by hand, as I presented in Senlis. It’s quite simple: the leaves are chopped with a knife before using a big flat stone to grind them up a bit more. While you form the pulp into balls, you actually feel if the texture is right, if the ball will stay in shape or not. The trick is to press out the maximum of liquid from the ball, what first comes out is a bright green juice, mainly chlorophylle. The drying process is quite long and must be carefully monitored to avoid any molding, by drying on racks in a ventilated place and turning the balls every day.
Each time I make some woad balls, I also do a pigment extraction on a 800-1000g leave sample, so I have an idea of the pigment yield from each batch. My woad loved the hot and sunny summer we had and pigment yield doubled, from 3.5 g/kg of fresh leaves in june up to 6.5 g/kg in august! It sounds like not much but for woad it’s actually pretty good!
J’aurais tellement aimé faire mes démonstrations le dimanche également, mais ce sont les aléas de la météo contre lesquels on ne peut rien… J’espère juste pouvoir faire sécher ma tente bientôt pour pouvoir la ranger en sécurité pour l’hiver, la saison extérieure étant terminée pour moi. J’attaque maintenant un mois de travail intense avant le marché de Compiègne, les 16-17 novembre (voir agenda).
I would have loved to do my demos on sunday as well, but against the bad weather, there’s nothing you can do… I hope that my tent dries soon so I can store it safely for the winter, as this was my last outdoor event. I now start a month of intensive work to be ready for the historical market in Compiègne in November.