Il y un galon sur lequel je fais des yeux pédonculés depuis trèèèèèès longtemps (ce n’est pas le seul d’ailleurs, mais chaque chose en son temps…). Il s’agit du galon trouvé à Evebö-Eide, en Norvège, dans la tombe d’un riche chef de la fin du Vème siècle (450-500). Ce galon était cousu sur le bord d’un vêtement, sans doute une cape. Le galon est réalisé en laine 2 brins très fine et dans la technique du 3-1 broken twill (« sergé ») avec de larges bordures et présente des créatures étranges… La couleur originale était sans doute verte et marron, même si il me semble que le vert pouvait être du bleu (pas d’analyses publiées à ma connaissance).
Pour le diagramme, je suis partie de la reconstruction de Egon Hansen (publiée dans Tablet Weaving: History, Techniques, Colours, Patterns. Højbjerg, Denmark. Hovedland Publishers, 1990). J’ai obtenu ce diagramme grâce à l’aide d’une « collègue » danoise, Irène Lyng, dont vous pouvez admirer le travail ici ! Le diagramme de Hansen compte 23 tablettes de motif, depuis il a été reconstruit par d’autres, notamment Maikki Karisto (Finlande) avec 22 tablettes.
Le diagramme de Maikki a notamment été utilisé par Amalie, une tisserande de Nouvelle-Zélande pour cette jolie version bleue et blanche. Sur celle-ci, ce qui est intéressant, c’est la reproduction des zig-zag de transition et la figure partielle présente sur le galon original. Pour les zig-zags, j’ai obtenu un coup de pouce par une autre collègue finlandaise, Mervi. (ça devient une histoire internationale, ce truc!). Sur l’original, une des créatures est détachée du reste, mais il semble que celà faisait partie du même galon.
Bref… il était temps de tester les diagrammes, ce que j’ai fait cet été (et je publie seulement cert article, maintenant? bouh!). En laine mérinos, j’arrive à une largeur d’environ 2cm. Sachant que l’original fait 2.2cm, avec des bordures de 8 et 9 tablettes, il va falloir passer à de la laine plus fine encore! Voilà les résultats des essais pour les 5 créatures, manque encore la bestiole tronquée que je n’ai pas encore testée:
Ce qui frappe, ce sont les directions des côtes, elles semblent suivre les contours des bestioles et sont très irrégulières, ce qui donne une texture vraiment intéressante. Il ne faut pas oublier que ces pièces étaient tissées sans diagrammes, donc une certaine logique intrinsèque devait gouverner le tissage…
Il me reste à tisser la pièce sur au moins 2m de long, avec les bordures larges de l’original! Je compte utiliser de la laine fine 15/2 et je réflechis à l’agencement des créatures par rapport aux motifs de séparation. Comme l’original est incomplet, on ne peut qu’imaginer ce qu’était la pièce dans son ensemble…
Affaire à suivre! Elles sont mignonnes, ces bestioles, non?
Special thanks to Irene Lyng and Mervi Pasanen for their kind help whenever I was a bit lost in these patterns! Makes me think I really should do a bilingual version of my articles, sorry… Lazy girl!
Magnifiques ces bestioles, la dernière (en bas à droite) remportant la palme – dragon volant ? Serpent fabuleux ?? Fragment d’ADN ??? (ce qui serait surprenant au 5e siècle).
Tu parles souvent de laine : sans doute plus facile à teindre mais peut-être aussi à tendre ? Je constate que le coton est mou, souvent trop extensible et demande donc beaucoup de tension (qui s’ajoute à l’attention requise par le tissage). Je vais essayer la laine.
J’utilise souvent la laine et la soie parce que j’ai fait pas mal de pièces historiques ces derniers temps. La laine est très extensible aussi et parfois elle peluche, c’est une matière pas toujours évidente à travailler. Mais niveau tension, ça pardonne davantage que la soie ou le lin, qui sont archi raides! Après, tout dépend du type de fil précis qu’on utilise évidemment!
yes, you should, because I would love to understsnf what you tell about your work. Which is of course amazing!